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Les marchands de San Remo

Publié le par Emma Ponthier

Peinture d'Irma Lutz, artiste peintre.

Peinture d'Irma Lutz, artiste peintre.

Lorsque tu décides de te dépayser pour la journée en habitant la région de Nice, tu prends tout naturellement l'A8 pour te rendre à Sanremo, sympathique ville frontalière ligurienne très prisée des Azuréens. Sur l'autoroute, tu traverses une quantité impressionnante de tunnels ( si si, les italiens en sont friands ) et de zones de travaux à 60 ou 30 à l'heure. Puis, à ton arrivée, tu es surpris par une multitude de scooters à tout azimut. Ensuite viens la recherche d'une place de stationnement. En quête du Graal, ton véhicule tente une place en zone bleue, qui n'a rien à voir avec le disque obligatoire en France. Si par chance, une se libère, tu dois comprendre où s'achète le ticket de stationnement. Il y a toujours une âme charitable parlant la langue de Molière ( Tu entends d'ailleurs parler français à chaque coin de rue et quand tu es chez toi, tu entends de l'italien à chaque coin de rue ) quand toi même tu ne connais pas celle de Dante, pour t'expliquer que tu dois faire tout un gymkhana pour trouver un buraliste qui vend des tickets. Entre le moment où tu trouves une place et celui où tu trouves le buraliste, tu as une chance, infime certes, de te retrouver avec un PV (la multa) si jamais tu n'achètes pas ton ticket rapidement ou que tu ne te transforme pas en Flash Gordon pour éviter la contredanse. Il y a aussi les places jaunes...là, mystère, à part pour des poubelles ( J'entends par là un container, pas une voiture comme celle que je conduisais précédemment ) je ne comprends pas à quoi elles servent. Les parkings payants sont souvent complets. Il existe un parking gratuit si tu aimes marcher sur 3 kilomètres, et comme tu es encore plus avare que tu es sportif, tu n'hésites pas à te garer à perpette les joies.
Tu te balades, tu fais des emplettes, et là, pof, à 12.30, les rideaux des magasins se baissent pour ne se relever qu'à 16 heures. L'italien aime manger et faire la sieste. D'ailleurs, il a bien raison, j'aimerais moi aussi adopter ces horaires. Pour les restaurants, tu as l'embarras du choix, les restaurateurs et autres pizzaiolos se faisant une concurrence sans merci pour allécher les babines. Une fois ton choix établi, tu commandes ton repas. L'attente peut alors commencer et s'avérer très longue. Il est 12.33 et la serveuse attend 30 minutes pour prendre la commande. Pendant ces 30 minutes, une demi douzaine de vendeurs à la sauvette sont venus t' importuner. Tu as une paire de lunettes de soleil sur le nez mais le vendeur insiste lourdement pour te vendre une contrefaçon de Ray-Ban, dont, d'une part tu n'as pas besoin car les tiennes corrigent la vue, et qui, d'autre part, te conduirait directement devant un tribunal, vu qu'il ne s'agit pas de la vraie marque. 5 minutes plus tard, sous un soleil de plombs, un autre vendeur tente de te vendre un parapluie, puis un autre une doudoune. Qui va acheter un parapluie ou une doudoune par 30 degrés? Tu n'as déjà, toi même , pas prévu une telle chaleur et tu sues à grosses gouttes dans ton mohair, ce n'est pas pour te faire un sauna direct dans une doudoune , qui non seulement est inutile mais qui plus est, demeure d'une couleur indéfinissable , entre le grisâtre et le bleu délavé. Le visage décomposé par la chaleur et l'hypoglycémie qui te guète, car tu attends toujours de te faire servir, tu optes maintenant pour une brûlure au 2ème degré du visage car ton parasol est le seul à ne pas s'ouvrir, ton manque de bol caractérisé t'accompagnant par delà les frontières. Soudain, vers 13.30, la serveuse vient prendre ta commande une deuxième fois parce qu'ils n'ont plus le plat que tu as commandé. L'oeil hagard, tu prends ton meilleur accent pour commander un autre plat. Vers 14.15, on t'apporte le plat que tu as commandé en 1er. Tu ne cherches pas à discuter, ton estomac te fait comprendre depuis belle lurette que tu vas manger ce qu'on apporte quoi que se soit. Oubliant toute bienséance, tu te jettes goulûment sur la nourriture comme si tu en avais été privé depuis au moins un demi siècle. C'est à ce moment que le vendeur suivant arrive, te proposant une machine à coudre ressemblant à une agrafeuse avec du fil. Il te montre comment faire un ourlet pendant que tu te débats pour avaler ta pasta sans t'en coller partout. Tu as beau lui dire que ça ne t'intéresse pas, il est aussi lourd que les autres et insiste pour te démontrer l'utilité de sa machine. Quand il fini par se lasser, tu crois t'en être débarrassé , mais non, 10 minutes après, il revient à la charge et recommence son baratin. Tu as envie de lui dire : " Tu n'as pas l'impression que tu m'as déjà fait ta démo, andouille?!!!!" Mais non, le vendeur à la sauvette a une mémoire à très court terme. Puis, c'est le moment de la vente de paréos, puis de chapeaux, puis de montres.....les objets s'enchainent les uns après les autres. Toi, tu n'as qu'une envie, te sauver à toute jambe avant qu'un autre arrive. Ils t'ont, ainsi que les restaurateurs, coupés l'envie de commander un dessert alors que les plats sont savoureux. Le dernier arrive avec ses sacs à main en faux Vuitton. Là, épuisé et agacé au dernier degré, tu demandes l'addition et t'éloignes le plus vite possible de cette zone de chalandise improvisée.
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