L’être humain est doté d’un égoïsme inné le conduisant tout naturellement à sa simple survie. Vouloir trop aider autrui peut être nuisible à sa propre santé et se retourner contre soi-même. Il faut savoir le faire mais être capable de dire stop quand l’emprise sur ses propres émotions se déverse comme un poison insidieux dans votre corps. L’orage s’avère nécessaire pour laisser place au beau temps. Tel un grondement de tonnerre, la colère monte, se déverse dans les méandres de vos neurones et libère cette émotion refrénée dans un acharnement sans précédent. Quand le courroux naissant laisse place à une vague de rogne, les foudres intérieures se mobilisent en une tornade de ressentis qu’il faut libérer. La relation toxique est basée sur le fait que la confiance que vous aviez mise en quelqu’un est totalement bafouée et que la relation en laquelle cette dernière s’était basée s’effondre comme un château de cartes. Cette confiance proprement dite revêt plusieurs aspects. Il peut s’agir d’un ou d’une amie soit disant proche ou pire encore d’une relation familiale basée sur le mensonge, le non-dit, la soumission, la honte, le rejet. L’enfant base toute sa confiance en ses parents et pense que seuls ses derniers détiennent le savoir et qu’ils peuvent compter sur eux en toutes circonstances. Ce schéma un peu réducteur est le lot quotidien d’un bon nombre de parents et enfants qui ont su instaurer un dialogue. A l’instar des parents de ce type, il existe d’autres parents qui basent déjà leur couple sur le mensonge, le non-dit par peur du « Qu’en dira-t-on ? ». Ainsi, des couples se marient pour fonder une famille, se jurent fidélité devant dieu pour qu’un jour l’un d’entre eux, habité par le démon de midi, envoie voler en éclat des années d’union, femmes et enfants, tout un passé. Dans le meilleur des cas, l’union se solde par un divorce et le temps cicatrise les plaies, fussent-elles longues à panser. Dans une relation toxique le couple qui traverse une crise prend les mauvaises décisions dans le sens ou l’un sera dominé et l’autre dominant, comme dans une relation sado masochiste sans issue aucune. Dans un couple où l’un d’entre eux est pervers narcissique, le qu’en dira-t-on prend tout son sens car le compagnon ou la compagne se complait dans sa situation de victime. Jamais un mot plus haut que l’autre, pas de gestes de colère. « Je subis, c’est comme ça, j’accepte et j’en arrive à victimiser moi aussi une autre personne, mon propre enfant par exemple. Je minimise ou j’oublie ma souffrance en faisant souffrir à mon tour. »

Le déni chez certaines personnes est également source de conflit dans une relation parent –enfant. Imaginez la situation : une femme enceinte se fait régulièrement frapper par son mari. Quel ressenti va-t-elle déjà transmettre à l’enfant à venir ? Les relations vont être faussées dès le départ, basées sur la haine, la violence et pire, l'endiguement de cette violence et l'amplification d’une relation basée sur le mensonge. Le non-dit caractérise la victime qui se plaint mais se complet dans cette relation toxique malsaine. Au lieu de s’en sortir, elle s’y enfonce, absorbée, comme par des sables mouvants la conduisant irrémédiablement vers sa chute inéluctable dont elle n’a cure de se relever. Adoptant un comportement complice envers son bourreau, la victime du pervers narcissique se complait à adopter la même attitude que le maitre ou la maitresse du jeu douloureux. Témoin de violence envers son enfant, elle assiste à des sévices envers ses derniers, sans broncher, jours après jours, toujours plus durs, lui-même ou elle-même, endurcis par une hargne qui leur est devenue quotidienne.

Pendant ce temps de destruction, l’enfant essaie de se construire un présent et un avenir, différent de ce qu’il a enduré mais l’humiliation revêt différentes formes. La comparaison avec d’autres membres de la famille, toujours en dévalorisant l’enfant comme l’un des deux membres du couple a été dévalorisé, permet à ce dernier de développer des lombalgies quand il en a plein le dos, des cancers de la peau, quand il s’en prend plein la face, des douleurs aux genoux, quand il ne veut pas se plier à la violence ou qu’il est sur les rotules, des douleurs plein les bras quand il a trop à porter ou supporter. Les maux à défaut des mots peuvent revêtir des formes multiples. Celui qui a peur de l’avenir ne verra pas de loin et développera une myopie, celui qui a peur de vivre se laissera mourir avant même avoir profité de la substantifique moelle de la vie. Notre vie est ce que nous en faisons, pas ce que nous en subissons.

Revenons à la relation toxique. Il est essentiel pour la victime de faire bonne figure devant autrui, montrer qu’on a atteint un certain niveau de vie, une aisance et se vanter de sa position sociale même si elle est source de conflits quotidiens. Le pervers s’évertue à ne pas faire travailler son ou sa compagne afin de mieux le ou la dominer. Après des années passées à s’occuper, ou pour en citer certains, à se « sacrifier » pour ses enfants, la victime se trouve une excuse pour ne pas sortir de sa zone de confort. Elle va donc, sans s’en rendre compte monter ses enfants les uns contre les autres et vouloir se justifier non coupable de cette relation perverse dans laquelle elle est imprégnée. Dans ce linceul de non-dit dont elle se revêt, elle creuse sa propre tombe, sans s’en rendre compte. Le mensonge et le déni rongent le couple de l’intérieur, tel un cancer gangrénant leur enveloppe corporelle et rongeant leur âme perfide, avide de tout et dénué de toute affection. L’infection a remplacé l’affection. Non seulement, les coups portés sont physiques, mais également verbaux. La violence physique chez le pervers narcissique est accompagnée par un remerciement demandé par le bourreau. Je te frappe, donc tu dois me dire que tu m’aimes. Quel parent digne de ce nom peut tabasser ses enfants jusqu’à ce qu’ils disent qu’ils l’aiment ? Quelle relation saine peut naitre de ce genre de comportement ? Ils n’ont pas d’affection pour eux-mêmes, donc ne peuvent pas en avoir pour les autres. Pourquoi aimer quelqu’un alors qu’on ne peut plus se voir en peinture après autant de maltraitances. Un enfant heureux a des parents heureux. Le bonheur ne s’achète pas avec des billets de banque. La richesse intérieure ne s’acquiert pas, elle se mérite. La personne maltraitée reproduit souvent un chemin similaire, soit en devenant victime, soit en devenant bourreau. N’essayez pas de sortir un soumis de sa condition d’esclave, vous y laisserez non seulement des plumes, mais la situation se retournera contre vous. Aidez quelqu’un qui vous tend la main, pas une personne qui vous repousse car elle ne se regarde plus en face. Le soumis ne veut plus vivre, ne le laissez pas vous entraîner dans sa chute. Sa destinée est un abîme sans fin, sombre, pathétique, soumis à une personne machiavélique. La malevolence est palpable sur des visages crispés, ridés, certes par les années, mais également creusés par une méchanceté ancrée en eux, teinté d’une crainte constante de tout, surtout de la vie. Les craintifs seront morts avant d’avoir vécu, d’une vie éphémère ressemblant à un lourd fardeau sur de frêles épaules, un carcan malmené par l’humain dans toute son abjectitude, tout ce qu’il y a de plus vile en lui. Dans un simulacre de compassion entièrement faux, il tente d’amadouer son entourage en ramenant tout à lui se faisant ainsi le maître d’un jeu pervers dont aucune issue positive ne peut émaner.

Les relations toxiques